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COMMENT S’EST FORMÉE LA SYNTAXE.

deos pervenit ». Jam jaǵnam paribhūr asi, sa deve u gacchati.« Qui nos lacesset, procul eum amovete. » Jō nah prĭtanjād, apa tam dhatam[1].

On demandera quelle est la raison pour laquelle la proposition relative est ainsi lancée en avant la première : je crois qu’il y a là un fait de sémantique dont on trouverait des exemples en d’autres familles de langues. Par la pensée, il faut rétablir une interrogation, en sorte que les deux propositions forment la demande et la réponse. C’est probablement la raison pour laquelle une bonne partie des langues indo-européennes font cumuler au même pronom le rôle interrogatif et relatif.

Pour apprécier en toute son étendue l’importance du pronom relatif, il faut se rappeler à combien de dérivés il donne naissance : d’abord les mots comme qualis, quantus, quot ; ensuite les conjonctions, quod, quia, quum, quoniam. En grec : ὡς, ὅτε, ᾕ, οὗ, ὅθεν, ἡνίκα, ὅτι, ainsi que les dérivés comme ὅσος, οἷος. En sanscrit, les dérivés comme jādrïça, jāvant, auxquels il faut joindre les conjonctions les plus importantes, jad, jadi, jatra, jadā, jathā[2]. La création d’un pronom relatif est donc l’un des événements capitaux de l’histoire du langage ; sans un mot de cette

  1. Le type de ces constructions s’est conservé dans nos proverbes : « Qui aime bien, châtie bien », etc.
  2. Pour plus de détail, voir, dans les Studien de Curtius, les articles de Windisch au tome II et de Jolly au tome VI. Voir aussi Delbrück, Grundriss, § 222, s. et la thèse de Ch. Baron, Le pronom relatif et la conjonction en grec. Essai de syntaxe historique. Paris, Picard, 1891.