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à une époque plus ancienne, pour les catégories du substantif, de l’adjectif et du verbe. Non pas que l’idée d’un objet, d’une qualité, d’une action, ait attendu l’éclosion des langues indo-européennes : il n’y a pas de langue qui n’ait des mots pour représenter les objets de la nature, tels que homme, pierre, montagne, ou les qualités des objets tels que grand, petit, haut, bas, éloigné, rapproché, ou les actions les plus visibles, comme marcher, courir, manger, boire, parler. Mais ce n’est pas là ce que nous appelons la catégorie du substantif, de l’adjectif et du verbe. La catégorie du substantif comprend des noms qui représentent de simples conceptions de l’esprit, ces noms étant traités exactement à la façon des autres substantifs. La catégorie de l’adjectif comprend des mots qui ne correspondent à aucune qualité, comme quand on dit en grec : τριταῖος ἦλθεν, « il vint le troisième jour », ou en latin : nocturnus obambulat. La catégorie du verbe suppose un système de personnes, de temps et de modes. Ainsi entendues, ces catégories ne sont pas contemporaines du premier éveil de l’intelligence. Elles se sont formées petit à petit, comme celles de l’adverbe et de la préposition, quoique trop anciennement pour que nous en puissions suivre l’évolution.


L’espèce de mot qui a dû se distinguer d’abord de