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COMMENT S’EST FORMÉE LA SYNTAXE.

nous permettre de voir plusieurs de ces catégories se former sous nos yeux. Commençons donc par les plus modernes.

L’une des plus récentes est l’adverbe. Les mots comme οἴκοι, πέδοι, χαμαί, εὖ, κακῶς, οὕτως, humi, domi, recte, valde, primum, rursum, hic, illic, sont des substantifs, adjectifs ou pronoms régulièrement fléchis. Mais quand un mot a cessé d’être en un rapport immédiat et nécessaire avec le reste de la phrase, quand il sert à mieux déterminer quelque autre terme sans être pourtant indispensable, il est prêt à prendre la valeur d’un adverbe. Pour peu qu’il cesse d’être parfaitement clair en sa structure, pour peu surtout qu’on y puisse voir la moindre apparence d’irrégularité, il est rangé dans une catégorie à part.

Non qu’il faille supposer rien de préétabli et d’inné dans l’esprit. Mais nos langues indo-européennes étant faites de telle sorte qu’elles distinguent extérieurement les mots selon le rôle qu’ils jouent dans la phrase, l’esprit s’est habitué à certaines désinences qu’il a rencontrées plus souvent en ce rôle de complément un peu lâche et surabondant, et il en a fait les désinences adverbiales. C’est notamment l’origine des désinences ως en grec, ē et ter en latin.

Le premier apport en ce genre a été formé sans doute par quelques mots qu’il est permis de croire antérieurs à l’invention du mécanisme grammatical, et qui, par la singularité de leur aspect, par l’ab-