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CHAPITRE VIII

EXTINCTION DES FORMES INUTILES

Difficulté de cette étude. — Formes surabondantes produites par le mécanisme grammatical. — Avantages de l’extinction. — Y a-t-il des formes fatalement condamnées à disparaître ?

L’extinction des formes inutiles ne doit pas seulement s’entendre de celles qui, ayant existé durant un temps plus ou moins long, sont sorties de l’usage, mais encore des formes qui, ayant virtuellement des droits à l’existence, n’ont jamais été réalisées. On comprend que ce soit ici le règne de l’hypothèse. Néanmoins cette sorte d’infanticide verbal a sa place dans l’histoire du langage.

À considérer les choses en simple statisticien, on croirait la surproduction inévitable. Si le grec poursuivait à travers tous les temps et tous les modes les trois verbes λείπω, λίπω et λιμπάνω, qui signifient tous les trois « quitter », ou les trois verbes βίβημι, βαίνω et βάσκω, qui signifient tous trois « marcher », on aurait une telle abondance de formes que l’esprit