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MADEMOISELLE CLOQUE

et laissez-nous, parce que nous n’avons pas le temps de causer aujourd’hui.

La pauvresse était installée sur une chaise ; elle se leva en poussant des plaintes déchirantes :

— Eh ! là, là, mon Dieu ! là, là, mon Dieu ! que la bonne Sainte Vierge vous protège ! Faut-il ! faut-il ! mon bon Jésus, endurer tant de mal sur la terre !

— Où est-ce donc que ça vous fait mal ?

— Eh ! là, là ! pardi, je n’en sais quasiment rien : on est si malheureux !

— Vous ne pouvez donc pas venir avec les autres ? Je vous préviens que c’est la dernière fois que je vous reçois à part…

— Heu ! heu ! faut-il ! faut-il ! J’ai encore eu bien du mal à arriver, rapport à mon garçon que j’ai été voir là-bas, là-bas, à Saint-Avertin, où ils l’ont mis, le pauvre chérubin…

— « Où ils l’ont mis ?… le pauvre chérubin ? » Mais, est-ce qu’il n’est pas content de la place qu’on lui a obtenue dans les tramways ? Vous devriez pourtant vous estimer heureuse, mademoiselle Pelet ; vous savez combien j’ai eu à batailler avec ces dames de l’Ouvroir qui ne s’occupent pas ordinairement des filles-mères, et qui n’aiment pas beaucoup solliciter quelque chose des autorités ?

— Eh ! là, sans doute que ce n’est pas une mauvaise place ; mais tout n’est pas rose, non,