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LA LIBRAIRIE PIGEONNEAU-EXELCIS

— Il s’agit bien de cela ! L’affaire est arrangée ; il y a eu des explications… Il y en avait besoin, d’ailleurs… Si tant est que l’on puisse s’expliquer dans un cas aussi…

— Que voulez-vous dire ?

— Comment ! Mais vous n’avez donc pas lu l’article de samedi soir ?

— Si.

— Eh bien, la fin… la fin de l’article !… Ah ! si vous n’avez pas compris, tant pis pour vous ! Ce n’est pas moi qui vous mettrai le doigt dessus, ce serait de la médisance.

— … Que le comte de Grenaille aurait des intérêts dans les affaires de Saint-Martin ?

— Ce n’est pas moi qui vous le fais dire !…

— Je me suis laissé conter qu’il vit un peu aux crochets des bons juifs qui ont épousé son fils aîné…

— Chut ! Voici Mlle Cloque.

Mlle Cloque arrivait cahin-caha, flanquée de M. Houblon, l’organiste. Deux fois grand comme la vieille fille qu’il accompagnait, il la contraignait par le feu de sa parole à relever tout en l’air sa figure défaite par les récentes émotions. Il était sanglé dans une redingote de drap noir, malgré la chaleur, tandis qu’un léger chapeau de feutre mou se retroussait sur son front ruisselant ; il faisait des gestes désespérés, et courbait et relevait tour à tour son échine, comme s’il eût éprouvé par instants