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MADEMOISELLE CLOQUE

de Saint-Louis et du Saint-Esprit côtoyaient la Légion d’honneur et la médaille militaire. Toute la surface des murailles, d’ailleurs, aussi bien du chœur que de la grande et unique nef à toiture de bois, que Mariette appelait une grange, était couverte de plaques de marbre revêtues d’inscriptions chaleureuses et touchantes : « Reconnaissance à saint Martin », « Reconnaissance éternelle. Un père sauvé », avec les initiales et la date ; « Gloire à saint Martin : un mari et un fils conservés, 1870-71 », « Grâce obtenue, » « Grâce obtenue, » etc., etc. Ces murs simples et qu’on disait nus avaient la grandeur même et la beauté des angoisses humaines et de l’inébranlable foi des créatures. Sous les hommages militaires des panoplies et des croix, s’ouvrait une arcade grillée donnant sur la crypte où reposaient les restes du Thaumaturge.

Beaucoup d’hommes, surtout des officiers, étaient mêlés au flot des dévotes de saint Martin ; çà et là, la tache claire du dolman d’un chasseur ou une toilette de femme élégante fleurissaient la foule.

La chaisière allait de l’un à l’autre. Le tulle de deuil flottant sur les ailes blanches de son bonnet, sa vivacité, sa façon de se poser brusquement contre l’oreille d’une personne en lui vrillant toute la longueur d’un cancan, puis de s’échapper soudain, butinant de ci de là, jusqu’à telle autre oreille complaisante, l’avaient