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LES COMBINAISONS DE LA PROVIDENCE

— Vous êtes fou !

— Je ne dis pas non, mais je vous aime !…

Elle s’était levée pour lui montrer les demoiselles Jouffroy chez Roche. S’il ne s’en allait pas, il ne lui restait à elle qu’un parti : fuir, et sur-le-champ. Mais elle n’aperçut plus ces demoiselles chez Roche. Elle vit Mlle Cloque y entrer. L’arrivée de celle-ci avait peut-être fait reculer les deux sœurs. Il était possible, grâce à cette circonstance, qu’elles n’eussent pas vu l’officier pénétrer dans le couloir du dentiste. Et la scène qui allait inévitablement avoir lieu entre les trois vieilles filles les retiendrait.

Elle pensa : « C’est un peu fort ! il faut que Dieu lui-même s’en mêle ! »

Le sentiment toujours stupéfiant des combinaisons qui semblent l’œuvre d’une ironique puissance souveraine, s’empara d’elle en même temps qu’elle retombait anéantie sur une chaise.

— Puisque vous venez le samedi, balbutiait Marie-Joseph, je puis vous voir… Je vous verrai…

Elle faisait signe de la tête : « non, non !… »

— Allez-vous-en ! dit-elle, je vous en supplie ! Vous vous perdez et vous me perdez en même temps ! Mon mari peut revenir : ma tante est à trois pas d’ici…

— Geneviève ! nous avons été séparés par des histoires stupides… C’est vous qui deviez être ma femme…