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MADEMOISELLE CLOQUE

— Ah ! quand ça ! dit Mlle Cloque.

Et elle réfléchit encore :

— Eh bien ! dit-elle, à la prochaine fête de Saint-Martin… Je voudrais les voir inaugurer leur église.

Les deux époux la regardèrent en hochant la tête. Que faire contre une manie incurable ? Ils sortirent tous les deux, la tante ne se sentant pas suffisamment remise de sa secousse.

Le notaire admira la nouvelle halle au blé qui s’élevait à la place de l’ancienne église Saint-Clément. Les maisons neuves, la propreté de la place rajeunie, l’odeur humide des bâtiments tout frais lui étaient agréables. Il avait ce que la maman Giraud appelait « le goût de la bâtisse. »

Il s’extasia sur le quartier qu’on ne reconnaissait plus. La place et les rues récemment pavées offraient à sa semelle le luxe d’une chapelure de sable grésillant. Le rouge vif du coutil rayé qu’abaissaient les magasins à leur devanture, lui rappelait des comices agricoles :

— Ça donne à la ville un air de fête… As-tu lu, dans le journal, que le noyau de l’activité commerciale était désormais fixé ici ?

Il ne trouva rien à redire à la construction de Saint-Martin. Il en jugea le style « original » et l’ensemble « imposant ». Il savait par les journaux que cela s’appelait « romano-byzantin ; » et il prononçait en examinant chaque face, donnant le bras à sa femme, adossé au magasin