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LE PETIT BONHEUR

rayons où pressaient leur dos jaune tous les exemplaires de la littérature romanesque. Ça et là étaient appendues des chromolithographies doucereuses représentant en général des jeunes femmes à l’air niais, avec de jolies épaules large­ ment découvertes, entourées d’oiseaux, de fleurs ou d’amours ailés. À cheval sur de menues tigelles de fer les journaux de Paris laissaient lire la moitié de leur titre : Gil B…, Le Fig…, l’Intrans…, La Lant…

— Qu’est-ce que vous voulez ? avait dit aussi­tôt Mme Pigeonneau en venant au devant de ces dames, avec un petit air quasi contrit, il faut bien suivre le mouvement !… On nous a mis à la porte de là-bas, n’est-ce pas ? et nous n’étions pas de force à soutenir la concurrence du frère Gédéon.

— Tous mes compliments, avait prononcé un peu sèchement Mlle Cloque. Mais que ne nous avez-vous averties de vos intentions ; moi qui me suis tant tourmentée de votre sort !

— Cette chère mademoiselle Cloque ! Comme vous êtes bonne ! J’avais mon projet dans la tête, voyez-vous bien… Et, que je vous dise, mademoiselle Cloque, pour tout ce qui est des ouvrages et des objets de piété, vous les trouverez toujours aussi bien ici qu’ailleurs. Nous ne les mettons pas à l’étalage, parce que ce n’est pas le genre du quartier, mais nous en sommes très bien fournis.