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MADEMOISELLE CLOQUE

coup d’œil. Cela acheva de le démoraliser. Il fallait parler. Il hasarda une réflexion qui parut saugrenue, à propos de la Marche Indienne de Sellénick accueillie autour d’eux par des applaudissements. Geneviève en conclut que, comme musicien, il était bon à conduire les noces de village ; et elle le vit, en imagination, faisant grincer l’archet sur son instrument.

Mlle Cloque qui découvrait au notaire des qualités sérieuses sans toutefois être séduite par un homme aussi simple, demeurait fort embarrassée. L’abbé s’efforçait d’insuffler de la chaleur dans l’entretien ; à défaut de paroles heureuses, il remuait sans cesse, de sorte qu’on remplissait les vides par de petites réflexions sans aucune portée : « Oh ! pardon, Mademoiselle !… J’ai failli vous marcher sur le pied… On est beaucoup mieux ainsi… Je n’aime pas entendre la musique de trop près… Si je me mets comme cela, je vais tourner le dos à ces dames !… Nous aurons peut-être trouvé le moyen de nous caser, quand le concert sera fini… » On faisait tout ce qu’on pouvait pour sourire à chaque mot.

L’abbé remua si bien que les deux jeunes gens finirent par se trouver l’un à côté de l’autre. Alors, il accapara la tante afin de leur permettre de causer tous les deux.

Jules Giraud prit un parti héroïque. Il jugea qu’il perdrait son temps à essayer de faire du luxe. Il nommait ainsi dans sa pensée les ten­-