Page:Boylesve - Mademoiselle Cloque, 1899.pdf/31

Cette page a été validée par deux contributeurs.
24
MADEMOISELLE CLOQUE

Mais la question avançait ; les grondements souterrains allaient aboutir à un déchirement du sol déjà si oscillant ; l’heure arrivait où il deviendrait inévitable de prendre un parti. Que fallait-il pour cela ? Un éclat. L’article du journal le faisait prévoir comme prochain.

Et la pauvre Mlle Cloque achevait tristement son dîner en songeant à cette menaçante perspec­tive. La douleur de ses hautes aspirations com­promises était cruellement avivée par le souci du sort de sa chère Geneviève qu’elle devait aller voir le lendemain, dimanche, à Marmoutier.

Quand elle descendit au jardin, elle ne trouva pas la seille d’eau que lui apportait régulière­ment Mariette, et dans laquelle elle puisait avec son petit arrosoir afin de soigner elle-même ses plantes. Elle alla vers la cuisine et appela Mariette qui ne répondit point. Enfin, elle aper­çut la vieille bonne sous le porche par où la maison de plomberie communiquait avec la rue de l’Arsenal ; elle causait avec la mère Loupaing, malgré la défense que lui en avait faite maintes fois sa maîtresse. Elle se hâta d’accourir et prévint l’observation qui la menaçait :

— Mademoiselle ! Vous ne savez pas ce qu’il y a ? Paraît que Loupaing se présente au conseil municipal : les affiches sont commandées !

Mlle Cloque leva les yeux au ciel, en haussant une épaule.