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MADEMOISELLE CLOQUE

C’en était assez, en vérité, pour que le monde le plus scrupuleux n’eût pas lieu de faire la grimace. On ne la faisait pas trop ; les Niort-Caen chez les de Grenaille s’effaçaient, se faisaient oublier ; et la jeune femme était si charmante qu’on ne voyait pas de différence entre elle et les femmes élevées le plus chrétiennement, sinon l’extraordinaire saveur de sa beauté. Où donc, alors, était le nuage ?

Le voici. Mlle Cloque avait observé finement, et dans mille petites circonstances de l’apparence la plus insignifiante, qu’il y avait une fêlure aux principes moraux, religieux ou politiques des Grenaille-Montcontour. En quoi consistait-elle, il eût été bien difficile de le préciser ; cela n’était rien ou presque rien du tout, puisque cela ternis sait à peine la figure que faisait cette famille dans la société tourangelle. Néanmoins, il y avait une indéfinissable issue par où s’écoulait le suc qui maintient l’intégrité et l’originalité absolues des vieilles maisons françaises.

Le vase où meurt cette verveine
D’un coup d’éventail fut fêlé…

D’une manière générale, cela pouvait se traduire par une sorte de mollesse à soutenir certaines opinions qui, au gré de Mlle Cloque, étaient fondamentales d’une société chrétienne. C’était, par exemple, une nuance de libéralisme qui allait s’accentuant de jour en jour. On commence