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LES DEUX BLESSÉES

nommée présidente de l’Ouvroir, et il eût été bon d’exprimer à ce propos son amertume.

Mlle Cloque était intimement confondue de la manière adroite dont les Grenaille avaient mené les événements. Ils voulaient avoir par un de leurs fils un pied dans le monde catholique — qu’ils jugeaient prudent de ménager, — de même que par l’aîné ils s’étaient fermement appuyés sur le monde des affaires. Et, ayant échoué devant l’intransigeance de la vieille zélatrice, ils avaient fomenté contre elle une réaction, l’avaient brisée et remplacée habilement par ce soliveau de Mlle Jouffroy dont on élevait le frère à une haute fonction administrative et prenait la nièce, belle et fraîche créature sans scrupules, admirablement taillée pour leur genre de vie. Derrière cette forte diplomatie, elle distinguait non pas le comte, qui, en vérité, n’avait jamais été si malin, mais la figure haïssable et terrifiante de Niort-Caen, tout jaune, tout mou, sa petite main blanche pétrissant ses traits mobiles, derrière la grande table à dossiers : un cauchemar du jour et de la nuit.

Depuis le mariage on restait muet.

Une après-midi de la fin d’avril, comme Mlle Cloque ouvrait la fenêtre de la chambre de Geneviève pour faire l’inventaire des toilettes de printemps, elle vit s’entre-bâiller la petite porte de la rue de la Bourde, et distingua la mère Loupaing qui causait furtivement avec la Pelet :