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NIORT-CAEN

tante des allées du parc, une idée glaciale la saisit : « Ce que je viens faire là, c’est par acquit de conscience : je n’obtiendrai rien. Et tout le monde est contre moi, aussi bien mes frères en Jésus-Christ que ce fils de ses bourreaux… Mon Dieu, que vous ai-je fait pour que vous ayez voulu l’humiliation que je vais souffrir ici ? »

Après quoi, elle ne pensa plus qu’à une chose, à ne pas se faire arrêter à la grande entrée, à passer d’abord par les communs demander si M. Niort-Caen est là, si on peut lui parler à lui tout seul.

Mais, des communs, on renvoya la voiture devant le perron abrité par une marquise et donnant sur le vestibule. Deux domestiques accueillirent Mlle Cloque. On la débarrassa de son parapluie.

M. Niort-Caen ? demanda-t-elle. Je désirerais avoir un entretien particulier.

Elle donna son nom. On la fit entrer dans une petite pièce chaude où une lampe, sur une table à tapis de billard, éclairait des journaux et des revues. L’impression dominante pour elle, ici, c’était que cette maison était vide de toute pensée comme de tout signe chrétiens. Elle se sentait sur une terre étrangère. Elle n’eût pas été étonnée si l’air qu’elle y respirait y eût porté une odeur insolite.

Elle tressaillit. Une voix qu’elle reconnaissait pour être celle de la « belle Rachel » appela dans une pièce voisine :