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MADEMOISELLE CLOQUE

ardeur la manche d’une chemisette de nouveau-né.

Quelqu’un cria sur le petit ton chantant qu’on emploie en province pour appeler la marchande en entrant dans un magasin :

Mme Bézu !…

Mme Bézu releva une figure étonnée, absorbée. On eût juré qu’elle était à cent lieues de la question.

Cependant elle comprit à tous les yeux dirigés vers elle, que l’on exigeait son avis :

— Heu ! heu ! dit-elle, simulant de n’attribuer que peu d’importance à la chose, il ne faut point perdre de vue les principes de la charité chrétienne… Notre digne présidente a pu se laisser abuser… C’est avec les meilleures intentions que l’on se laisse aller… parfois… Mon Dieu ! il faut tenir compte de son grand âge.

Geneviève, indignée, à bout de patience, et qui comprenait la perfidie de ces dernières phrases doucereuses, prit sa tante par le bras :

— Tante ! allons-nous-en !… viens, viens !…

— Pas encore, ma petite enfant, dit Mlle Cloque dont la voix tremblait ; il ne sera pas dit que même au grand âge auquel on fait allusion, j’aurai manqué de tête autant qu’on me le reproche… Et, cependant, il y aurait de quoi être troublée, car c’est à cet âge-là, et un pied déjà dans la tombe, que j’aurai encouru le premier blâme de ma vie. Non, sans doute, que je n’en aie mérité d’autres, car je n’ai point la prétention