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MADEMOISELLE CLOQUE

a peut-être possibilité de les ramener au bien, à la vérité ; ç’aurait été une belle tâche pour toi ! Mais, c’est tout le contraire qui arrive ; c’est le comte et la comtesse qui se laissent mener par le bout du nez et qui suivent ces juifs partout où il leur plaît de les mener. Je n’ose pas penser une pareille extrémité, mais je crains bien qu’ils aient perdu la foi ! Oui, oui, leur religion est toute extérieure, c’est facile à voir ; il n’y a qu’à regarder leur manière de vivre de plus en plus agitée et toute matérielle, tout entière livrée aux soins du corps, aux sports, aux plaisirs ou aux affaires…

Elle confessa qu’elle avait été fascinée par ce que cette union pouvait avoir de flatteur et de brillant. C’était une grande faiblesse, elle l’avouait. Elle ne savait pas qui avait pu lui mettre dans les veines ce penchant insurmontable pour le panache. « Ce n’est que l’ombre de ce qui est grand, mon enfant, il faut tâcher de ne pas confondre… »

Puis, elle raconta tous les incidents ; les insinuations des journaux ; l’attitude du comte, l’influence des Niort-Caen dans l’affaire de la vente des maisons de Saint-Martin. « Ce Niort-Caen, vois-tu, je ne le connais pas, mais je jurerais que c’est quelque suppôt de l’enfer, vomi pour notre perte, pour la ruine de tout ce que nous aimons !… Il agit en dessous ; on ne le voit pas ; c’est lui qui mène tout ! »