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MADEMOISELLE CLOQUE

gifla et eut à peine le temps d’agiter la quadruple sonnette au tintement prolongé ; M. Moisan faisait décrire à la sainte hostie un grand signe de croix au-dessus des têtes courbées des fidèles, et l’on entendait les gémissements étouffés du Père Léonard à genoux.

Une sonnerie plus longue que la première relevait les têtes. Mais Mlle Cloque demeurait alors souvent plongée dans une sorte de langueur bienheureuse où se baignait sa pensée, où s’épanchait son cœur, où, l’espace de quelques minutes d’illusion, elle touchait ses chimères.

Les cierges étaient éteints ; il n’y avait plus que de rares personnes dans la chapelle, et on n’entendait plus que le murmure charmant des religieuses continuant à prier dans les tribunes, quand Mlle Cloque se reprit à la vie. Elle reconnut Mme Pigeonneau-Exelcis qui avait eu la gracieuseté de venir se mettre à côté d’elle, afin de la prendre à la sortie. On échangea un signe des yeux :

— Comme c’est aimable à vous !

— Est-ce que vous venez ?

— Mais certainement.

Et, dès qu’elles furent dans le corridor sombre allant à la rue Rapin :

— Vous ne savez pas ce qu’a fait Mme Bézu ? dit Mme Pigeonneau, d’un ton fiévreux et indigné. Figurez-vous qu’elle vient de me flibuster la clientèle des Dames Delignac, un pensionnat