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MADEMOISELLE CLOQUE

Mlle Cloque le quitta brusquement, sur son dernier mot, en lui faisant un bref salut.

— Je vais être en retard à la bénédiction, dit-elle.

Et elle se confondit avec plusieurs dames qui pénétraient en même temps qu’elle dans le couloir humide et sombre.

Mlle Cloque n’avait point ici de chaise particulière et tâchait ordinairement de se placer au hasard de son arrivée, autant que possible dans le voisinage de Mlles Jouffroy qui étaient là chez elles, ayant, en qualité de pensionnaires du couvent, le droit d’entrer à toute heure, par le couloir même des religieuses. Celles-ci ne paraissaient point au rez-de-chaussée abandonné au public, hormis deux d’entre elles qui se relevaient d’heure en heure devant le Saint Sacrement perpétuellement exposé. Elles occupaient une tribune située très haut, au fond de la nef, et se prolongeant à droite et à gauche en galerie étroite. Sur les murs grossièrement blanchis à la chaux, on distinguait à peine, là-haut, les deux longues théories de sœurs vêtues de flanelle blanche qui venaient s’agenouiller silencieusement à la queue leu leu. Leurs chants limpides et frais tombaient tout à coup comme une chute d’eau soudaine sans qu’on les eût aperçues ou entendues venir.

La dévotion, passée à l’état de pratique favorite, tend à se réfugier dans les plus petits sanctuaires,