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LES BAINS DE BADE

nantes. Notre homme les effaroucha un peu par le défaut de son carré de lin, mais davantage par l’excès des propositions qu’il leur fit tout incontinent. Les voyant s’écarter craintives, il en empoigna une si violemment par son bavolet à la fois et par le petit foulard qui lui couvrait les épaules, que l’un et l’autre cédèrent et découvrirent une chevelure abondante en même temps qu’une gorge pure et savoureuse. Elle jeta les hauts cris. Il laissa paraître le petit sac qu’il avait sous l’aisselle, et il eût peut-être mené à bout ce marché scandaleux si, à la tête de quelques honnêtes gens, je ne me fusse précipité au secours de la jolie infortunée à qui je laissai mon adresse pour le cas où elle serait dans la nécessité.

Mon satyre s’était réfugié dans une maison malhonnête où je m’interdis de le suivre pour ce que, premièrement, je ne suis point du service de monsieur le lieutenant des bonnes mœurs badoises — Dieu veuille qu’il y en ait un ! — et, secondement, dans la crainte de trouver en cet endroit l’occasion de faillir à mes rendez-vous, ou