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LE PIQUE-NIQUE

cet objet, c’est que, l’ayant à la pensée, je ne puis point m’en détacher, et je n’y parviendrai, je le vois, qu’en passant aux parties de mesdames de la Tourmeulière et de Bubinthal correspondantes à celles-là mêmes de ma chère Bianca Capella. Et je ne vois guère que des roses comme il y en a dans votre petit jardin de Fiesole, qui vous puissent donner l’approchant. Toutefois, je dirai que madame la Margrave y a un peu plus de finesse et que la Bourguignonne y est si bien épanouie que l’on croirait qu’un peu de soleil s’y est laissé prendre au beau piège.

Les doux accords des violons me couvrirent la voix dans le moment que j’essayais de rendre la galanterie à ces dames. Les mets et les vins étaient servis sur les tables flottantes ; nous commençâmes à faire honneur au pique-nique. Les personnages des galeries ne se lassaient pas de jeter des fleurs aux dames de leur goût ; et, comme il en tombait jusque dans les bouches et dans les verres, c’était une occasion à taquineries, à récriminations et à diverses vivacités de gestes ou de