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LE PIQUE-NIQUE

et m’embrasser avec autant d’aisance et de ténacité qu’elles l’avaient fait dans la rue de Bade et dans la seule présence de mon voleur. Les événements s’étaient succédé avec une telle rapidité depuis vingt-quatre heures, que je n’avais guère eu le loisir de repenser comme il convenait au bon goût de cette triple étreinte. La signora Bianca Capella, en la renouvelant, m’en rendit le sens aussi clair qu’il l’est que son illustre mari est cocu, ou le sera, pensais-je, devant que le soleil ne soit couché.

— Çà ! mon beau cousin, dit-elle, étant à Bade pour ne faire qu’à ma guise, il me plaît de vous y montrer que je vous aimai dès Florence. Las ! je ne vous en laissai rien paraître, non plus que je ne le ferai dès que je serai rentrée dans cette ville. Mais si vous êtes constant, vous me retrouverez chaque année dans le paradis que voici, et où je serai, si vous voulez bien, votre maîtresse, concurremment avec cette jolie Espagnole, et avec mes deux chères amies, qui, unies à moi par les liens de la beauté et par de communs penchants,