Page:Boylesve - Les Bains de Bade, 1921.djvu/56

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
26
LES BAINS DE BADE

part de forts seigneurs allemands, replets et montés en couleur. En outre, j’y vis le comte de Warwick, trois évêques, quatre abbés et plusieurs autres nobles, chevaliers et clercs, docteurs en théologie et en décret, tous en grand appareil. Enfin, l’on me signala monseigneur l’Électeur de Bavière, qui a une bedaine de la contenance de quatre ou cinq outres, et monsieur Gerson qui, au contraire, est petit et malingreux, quoique fort disert et savant homme. Sans compter force autres que je ne saurais vous énumérer.

Il y avait, dans les groupes, un petit homme à nez de fouine qui se faufilait en sautillant et sur qui on se retournait avec des marques de gaieté, si bien que je ne doutai pas que ce ne fût un bouffon. Mais voilà qu’il mit ses mains en cornet sur sa bouche, et qu’il lança d’une maigre voix de fausset, libertine et gaillarde : « Lola ! belle Lola, etc., etc… » criait-il, employant des termes que j’abrège à cause de leur impudicité. Je me dressai soudain et le rouge me monta au front. On me dit qui était le personnage ; et je tairai son