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LES BAINS DE BADE

ce qui me restait de vêtements, aussi pour y rédiger ma plainte à monsieur le lieutenant de la police. Dès le pas de la porte de cette hôtellerie, ornée d’une superbe enseigne bien découpée dans le fer : Au Guet-Apens, et dont la naïveté me plut, je reconnus mon homme en train de négocier avec l’hôtelier le contenu de ma sacoche.

— Vous êtes un drôle ! prononçai-je en manière de préambule, et lui posant le poing sur le gosier.

Il s’excusa avec force révérences de ne pas entendre ma subtilité.

— Quoi ! faquin ; vous profitez de ce que je suis en la compagnie des dames pour me dérober ce paquet qui contient toute ma garde-robe, et je vous prends sur le fait d’en débattre le prix contre cet autre, dis-je en montrant l’hôtelier, dont le visage a plusieurs traits communs avec celui d’un brigand que je vis pendre récemment !…

— Monsieur, interrompit l’hôtelier, a le sang prompt des peuples qui voient le soleil d’un peu plus près que ne font les Badois, gens adoucis et réservés. Il est visible que monsieur a eu la mal-