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LA CONCLUSION DE MON AVENTURE

pape. Elle est menteuse, assurément, et dissimulée ; mais elle ne peut faire autrement que de l’être, et son naturel me ravit. Elle n’est point tantôt ceci et tantôt cela, selon qu’elle respire l’air badois ou celui de Constance, car, pratiquant l’artifice, elle en use à la façon que fait l’oiseau de ses ailes ou la fleur de son parfum délectable, et elle n’est point à même de se départir de sa perversité. C’est ainsi que Frère Jérôme fut inhabile à lui faire faire, à Bade, plus de trois enjambées sans chemise, pour ce qu’il s’agissait de faire montre de sa nature, laquelle était cachottière et pudique ; et c’est ainsi toutefois qu’elle vient incontinent de vous laisser voir son derrière, avec la simplicité et le joli tour d’un enfant, pour ce qu’elle était toute à y éprouver la flatterie de l’eau douce. Je n’ai nul souci de toucher d’autre vérité que celle dont Véronique est l’image, avec son imperfection très insigne : le reste est disgrâce, sécheresse, impertinence et déraison. Il faut aimer les défauts du genre humain.