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LES BAINS DE BADE

gestes effarouchés, et des rougeurs et des mains sur les visages.

— Véronique, dis-je, regardez donc ce monde qui nous fait ce beau tapage !

Elle se tourna avec toute la candeur dont elle est capable, et ne pensant point à mal par le fait de ce qu’elle découvrait, du moment qu’elle avait les pieds dans l’eau. Ce côté de Véronique fit redoubler le mécontentement. Je trouvais cela bien étrange de la part d’une société qui arrivait quasiment droit de Bade, où l’on allait tout nu, comme son premier père. Je ne doutai pas que ce ne fût là qu’une manière de donner un tour plaisant à notre rencontre. Je souris et envoyai, de la main, de tendres baisers à ces dames. Elles ne m’en surent pas plus de gré que si je leur eusse tiré la langue, et n’en prirent prétexte qu’à se courroucer plus vivement et à passer leur belle flamme à des seigneurs bien frisés et tirés qui les accompagnaient. Je fis la remarque qu’elles étaient, elles-mêmes, très congrument habillées de beau cendal et de velours à plus de trente sous l’aune, et gar-