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LE SOUPER

gauche, et la signora Bianca Capella, à ma droite, se mirent en position de me caresser les cheveux et le visage. Nous nous rapprochâmes tous sensiblement et bénîmes le ciel badois qui nous valait le loisir d’exprimer avec tant de liberté la chaleur de nos inclinations.

Je ne sais comment il se fit que, dans l’embarras de nos mouvements divers, qui sont toujours plus précipités vers la fin des repas qu’au début, ces petits carrés de soie fine et de belle couleur, que je me prenais à considérer philosophiquement comme les derniers remparts de la convention qui n’était point ainsi tout à fait abolie à Bade, quittèrent le col de mes amies et devinrent je ne sais quoi et je ne sais où, mais sans laisser l’obstacle le plus médiocre entre ma vue et la matière substantielle de ces trois beautés. Comment se fit-il donc néanmoins que ma vue se troubla au point que je m’imaginai voir soudain une mêlée furieuse de ces beaux bras, de ces beaux tetons, de ces beaux cheveux, enfin de toutes les ardeurs de ces personnes admirables, et qui n’avait d’égale que