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LES BAINS DE BADE

je respirai la bonne odeur de linge embaumé de pommes de paradis. Je distinguai bien aussi qu’un grand cri retentissait dans l’antichambre. Cependant je priais que l’on m’enlevât mon bandeau de soie, ayant besoin de toutes les forces de ma vue dans le cas d’une alerte. Mais il était fortement assujetti et je continuais à me démener comme un beau diable au chevet d’une nonne, en faisant : Qu’est-ce ? qu’est-ce ?

— C’est… c’est, firent-elles, que, pour accoutumé que l’on soit de n’aller ici vêtu que d’un petit carré de lin, il y a quelque soudain malaise à s’apercevoir que l’on n’a pas celui-ci… et… et, maintenant, nous l’avons !

— Ah ! traîtresses ! ah ! pendardes ! que n’ai-je reçu d’un sorcier le don de seconde vue, pour l’occasion où la première est embarrassée si mal à propos ! Mais qui donc a crié si fort dans l’antichambre ? on eût dit d’un chat à qui l’on coupe l’usage de son privilège naturel…

— Ha ! fit quelqu’un, je gage que c’est cette petite sotte de servante qui est du pays, et ne