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LES BAINS DE BADE

un siège qui me semblait propre à cet effet, quand j’ouïs plusieurs voix qui lançaient mon nom confusément d’un cabinet voisin :

— Pogge ! petit Pogge ! eh quoi ! nous ne voulons pas être privées un seul instant de votre compagnie ; mais, comme nous sommes à barboter dans les eaux de la toilette et dans mille petits soins, nous vous allons faire bander les yeux et amener parmi nous !

Elles n’avaient point fini de parler qu’une petite servante, de qui je n’eus pas seulement le temps de regarder le museau, me passa sur les yeux un épais foulard de soie et me mena par la main dans une pièce qui sentait extrêmement bon. Ce furent tout de suite de grandes exclamations ; puis je sentis trois bouches bien fraîches se poser successivement sur mes lèvres, sans que je pusse toutefois distinguer nettement de qui était chaque baiser, par la raison que je ne les avais pas suffisamment éprouvés. On me gronda, me fit honte d’être si peu avisé.

— Çà ! mes mignonnes, revenez donc, je vous