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crainte de perdre à jamais Ninon, s’il endommageait ce garçon aimé d’elle. Il le pria donc seulement de ne plus lui parler de ce sujet ; et, s’étant calmé, il lui demandait aussitôt après des détails nouveaux, car, hélas ! il s’enivrait d’entendre parler de Ninon, fût-ce de cette manière.

La voix de la marquise, au-dessus de leurs têtes, fit fuir Châteaubedeau et retint au contraire le chevalier. Cette voix se répandait sur toute sa personne comme l’eau rafraîchissante d’une fontaine, et, toutes les fois qu’il l’entendait, il avait l’idée que, si elle ne s’adressait pas à lui pour le combler d’expressions de tendresse, c’était par suite d’un malentendu qui ne saurait tarder à être dissipé, car il le méritait bien. Et il était sans cesse repossédé par l’espérance.