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jeunes pages rivaux, mieux que n’eussent fait de longs discours.

Voilà notre Châteaubedeau qui descend en s’essuyant, crachant, grommelant et tamponnant son jabot ; démoli, honteux, pis qu’abîmé par la marquise, raillé par une femme de chambre !

Il ne tarda pas à rencontrer le chevalier Dieutegard, qui rôdait toujours sous les appartements de Ninon. À la vue de Châteaubedeau, Dieutegard fut tenté de fuir et également tenté de s’approcher, dans l’espoir d’entendre peut-être prononcer le nom de celle qu’il aimait. Certes, il était dévoré de jalousie, mais, à cause de son extrême timidité, une sorte d’admiration honteuse l’entraînait vers l’audacieux qui osait toucher l’objet de son culte. Car il soupçonnait Châteaubedeau de sortir du lit de la marquise. Il lui souhaita donc le bonjour.

L’autre, en rajustant son habit, prenait cet air las et dégoûté des jeunes blancs-becs qui s’en viennent de livrer un galant assaut.

« — Il fait bon, dit-il, respirer le grand air. »

Puis :