Page:Boylesve - Lecon d amour dans un parc.djvu/87

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

freluches. Thérèse dit à Châteaubedeau de se tapir en cet endroit et d’y faire le mort jusqu’à ce que madame la marquise vînt à sa toilette.

Avant de se cacher, le page huma les petits pots alignés sur le marbre, toucha les peignes, enfonça le nez dans la poudre et se rougit les lèvres. Il était plus agité qu’il n’eût voulu en convenir, et il éprouvait le besoin de toucher à tout et de commettre mille et une sottises plutôt que de rester tranquille. De ce qu’il ferait quand il se trouverait nez à nez avec la marquise, par exemple, il ne savait rien. Il se sentait prêt à tout, mais ne savait à quoi. Ce n’était pas qu’il débutât ce matin dans les entreprises ; mais aucune de ses prouesses passées ne se laissait mesurer à celle-là. Il imaginait un grand roulement de tonnerre : la foudre tombe ; elle vous dérobe votre montre au gousset, vous met le feu à la perruque, ou vous coupe en deux comme un tronc d’arbre, au petit bonheur ! Il se voyait surtout racontant l’exploit à Dieutegard, de ce ton calme ou refroidi, dont on narre un épisode sur quoi l’on a dormi des semaines.