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cette idée était maintenant si largement répandue qu’elle semblait avoir fait le tour du monde. Le chevalier Dieutegard, qui adorait Ninon en secret, et la femme de chambre, Thérèse, qui aimait caresser Châteaubedeau la nuit, lui manifestaient de la jalousie, chacun à sa manière. Quant à lui, le fat ! il laissait dire.

Thérèse, cependant, servait la marquise de trop près pour ignorer qu’elle n’avait pas d’amant. Car enfin, je ne sais si l’on en fait la remarque, Ninon, qui d’abord paraissait si légère, est la personne de la maison qui se conduit tout bonnement le mieux.

Aussi, Thérèse se prêta-t-elle à l’accomplissement d’une fantaisie que Châteaubedeau eut le toupet de lui proposer, et qui consistait à être introduit subrepticement dans la chambre de madame de Chamarante.

Elle le laissa monter derrière elle, un matin, tandis qu’elle portait, fumant sur un plateau, le chocolat de la marquise.

On pouvait pénétrer chez Ninon par le cabinet de toilette, qu’une toile de Jouy à vignettes rouges séparait d’une pièce assez obscure où pendaient robes, manteaux, jupons et fan-