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faire la nature et la vie comme elles vont… La pudeur ! dit le baron, en faisant claquer sa langue comme s’il parlait d’une sauce, quelle chose exquise ! Et, tenez, elle est peut-être le plus substantiel aliment de l’amour. La dédaigner est le fait d’un tempérament affaibli qui renie par impuissance le noble désir de conquête ou le secret appétit du viol, qui est le propre de la virilité. À parler franc, l’homme méprise la femme qui se donne à lui : il a le goût de la lutte, du combat ; il aime enlever la femelle de vive force, et l’orgueil de la victoire le dispose au sentiment durable de l’amour. »

« — Nous n’entendons pas ces choses-là de la même oreille, je le vois bien, interrompit madame de Matefelon ; mais, puisque vous consentez à donner quelque prix à la pudeur, dites-moi donc comment vous éviterez que ce sentiment s’émousse s’il est soumis aux rudes assauts que le spectacle de la vie lui fournira, d’après votre méthode. »

« — Il ne s’émousse pas plus, dit le baron, que la bonté, par exemple, ou bien que le caractère grincheux que nous apportons en naissant, et qui ne nous abandonnent qu’avec