Page:Boylesve - Lecon d amour dans un parc.djvu/63

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des hommes et qui font l’amour, dit-il, nous venons trop tard, ma bonne madame, pour empêcher que notre filleule en surprenne le secret. Qu’elle ouvre les yeux sur cet ingénieux mécanisme aujourd’hui ou plus tard, l’inconvénient n’est pas gros… »

Je vous laisse à penser si madame de Matefelon se trémoussait !

« — Ah ! monsieur, dit-elle, fallait-il que j’atteignisse l’âge que j’ai pour entendre blasphémer de la sorte ce qui, depuis que le monde est monde, fait l’objet du plus cher souci des mères : la pudeur de la jeune fille !… »

« — Tout beau ! dit M. de Chemillé, je me garde bien de médire, madame, du délicat sentiment que vous évoquez ; je dis seulement que les œillères que l’on met aux filles, pour les garantir, ne font que les émoustiller davantage, en leur inspirant le désir du fruit défendu, qui de tout temps exerça un grand attrait sur l’animal pensant. C’est leur déformer la figure véritable des choses qu’elles auront tant de mal, après, à remettre au point, puisque aussi bien il faudra tôt ou tard qu’elles les envisagent de front. Que ne laissez-vous