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Chamarante toute nue ! Voilà ce pauvre Cornebille qui a goûté la surprise de cette image et l’a payée cher ; voilà un gamin qui se flatte d’en avoir eu l’aubaine. Tous ne pensent donc qu’à cela ! La vérité m’oblige à dire qu’il en est ainsi. Il y a des femmes que jamais un homme sain n’imaginera dépouillées de leurs vêtements dont la grâce décente fait corps avec leur personne, et qu’il semblerait sacrilège de soulever même jusqu’à la cheville. Celles-ci sont vénérables personnes que je n’introduirai seulement pas dans un conte où l’on badine. Mais Ninon n’était pas de cette espèce ; elle était de l’espèce que tout homme sain dévêt à première vue. Malheur à qui aime une de ces femmes-là par le cœur !

Le chevalier disait à son ami que la seule idée de coucher contre une femme nue lui rompait les jambes et il avait peur de n’oser jamais, quoiqu’il en eût un grand désir. Quant au fait de voir Ninon dans l’état où Châteaubedeau l’avait vue, si la fortune le favorisait d’un tel spectacle, il en perdrait certainement l’usage de ses sens. Il avouait qu’il la voyait fréquemment dans ses songes, et qu’au seul aspect de