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madame la marquise faisait savoir à Cornebille qu’il eût à quitter le château, lui et les siens, aussitôt le coucher du soleil. Alors la femme commença à trembler de la tête ; on voyait remuer les ailes de son caillon blanc ; elle croisa ensuite les mains sur la table, et ses larmes coulèrent. Les deux petits se mirent à crier et se réfugièrent dans son giron. Cornebille ne disait rien et coupait son pain en petits cubes réguliers qu’il piquait de la pointe de son couteau et s’introduisait coup sur coup dans la bouche, jusqu’à ce qu’elle fût pleine ; puis il mâcha cela lentement, sans changer de figure, et enfin dit qu’il avait bien entendu et que cela suffisait.

Le chevalier s’en alla content, car les enfants sont rarement pitoyables. Il ne pensait qu’au plaisir de Ninon. Il vint la retrouver et lui annonça le bon résultat de sa mission, sans lui fournir de détails, tant il était ému. Ninon n’eut d’attention qu’à sa volonté accomplie et à la possibilité de descendre désormais dans le parc sans avoir à rougir. Elle se pencha sur le front du jeune garçon et le baisa, bien loin de se douter que par ce seul geste elle fixait une