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lui tombant dessus, lui avait fait grand mal. Il ne songea donc plus qu’à s’éloigner le plus tôt possible. Mais le sorcier, de ses longs membres maigres, nageait comme une grenouille, et il fut hors de l’eau quand Châteaubedeau mettait le pied sur l’échelle marine. Cornebille l’empoigna par la chevelure, et telle était la force haineuse de ce sauvage qu’il souleva le gros page au bout de son bras ; ensuite il le plongea à l’eau ; et, agenouillé au bord du bassin, il le secouait et le cognait contre la margelle, comme on voit les laveuses, à grands coups de battoir, aplatir leur linge baveux.

Châteaubedeau, lourd et râblé, mais souple, redressa tout son corps avec l’agilité d’une anguille, et, en serrant entre ses jarrets son hideux rival, il lui fit lâcher prise et lui trancha, d’un seul coup de dents, deux doigts. Ensuite il bondit dans l’eau comme une otarie et en sortit sans échelle, d’un saut d’animal traqué.

Mais aussitôt Cornebille se représenta à lui, dégouttant d’eau et de sang, secouant sa main rompue, comme un immonde pinceau. Ils se ruèrent de nouveau l’un sur l’autre.