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ridée, était pareille maintenant à la pelure d’une pomme de reinette qui a passé l’hiver sur la claie. Nous ne parlons pas des trous, ni des taches, ni de la guenille qui provient de porter un vêtement jour et nuit et d’en arracher les pans, au petit matin, à la gueule des chiens de berger !…

Il ne prévoyait pas de terme à sa détresse, car son amour, avec le temps, s’aggravait par la recherche quotidienne de Ninon, qu’il ne voyait jamais, et par l’émulation qu’il recevait du féroce amour de son compagnon.

Nulle mésaventure ne le pouvait détourner du désir d’approcher Ninon : lorsqu’on a commencé de souffrir par un grand amour, toute douleur nouvelle est plus avidement souhaitée qu’un rendez-vous par un amant heureux. Il était retourné sous les fenêtres ; il avait passé des nuits dans la volupté amère d’un bien-aimé voisinage. Il avait aussi pris goût à la besogne de jardinier d’amour, au labyrinthe. Cornebille et lui, munis de vieux instruments qu’ils cachaient dans un endroit du parc connu d’eux, taillaient, émondaient, ratissaient ; ils entretenaient la margelle du bassin aussi propre