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celui que les menteurs ont partout figuré sous l’aspect d’un bébé joufflu, ou de colombes avec des rubans à la patte. Or vous détournez la tête : sa première vue vous épouvante. Que fût-il advenu si vous l’eussiez rencontré par surprise, au bord d’un chemin, à la brune ? Voyez-le : il a le front borné et têtu, la bouche vulgaire d’un portefaix, le nez au vent d’une catin, le doigt court et spatuleux de la brute, l’œil oblique et le prompt jarret du lâche. C’est un coquin, un hypocrite, un impudique, un sanguinaire… — c’est le chérubin secret à qui tout homme ouvre plus volontiers qu’au plus éprouvé et au meilleur de ses amis, à qui toute femme est exposée à sacrifier son honneur, son mari, l’avenir de ses enfants… »

« — Monsieur, objecta madame de Matefelon, il se peut que les choses soient telles que vous le dites, encore qu’il y ait parmi nous, grâce à Dieu, bon nombre de femmes qui ont trouvé à l’amour une autre figure que celle-là, et qui l’ont pu toucher sans se salir ni se déshonorer. Mais si c’est vous qui avez raison, que ne laissez-vous caché dans l’ombre ce vilain démon, au lieu d’en étaler la crudité au grand