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mie. Quand elle s’en était assurée, elle poussait devant le feu la bouillotte, afin de faire ses ablutions à l’eau chaude, car elle était frileuse.

C’était une de ces grosses bonnes bouillottes ventripotentes, goitreuses, ou cabossées par un long usage, vieilles servantes tassées, mais souriantes, et honorées de servir, telles enfin que l’on n’en voit plus aujourd’hui que tout devient dur, étriqué, anguleux et chagrin. Et cette bouillotte chantait délicieusement sur les cendres. Mademoiselle de Quinconas en aimait la musique tour à tour plaintive et ardente, mélancolique ainsi qu’une voix entendue le soir dans la campagne, et gaillarde tout à coup, frétillante, rieuse, d’une fantaisie sans cesse renouvelée. Elle savait, au moment voulu, courir au secours de la chanteuse suffoquée par un vomissement qui lui soulevait le couvercle, inondait le foyer, et suscitait des nuages de fumée.

Elle se déshabillait lentement devant les flammes d’un grand feu de hêtre. À cette heure-là, qu’il faisait bon s’étirer, une fois dévêtue, dans la pénombre à peine troublée par une grande flamme téméraire qui se cassait rapi-