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et ce secret lui était si dur à porter qu’elle en avait maigri de treize livres depuis que cela durait, et que sa figure, auparavant prospère, se plaquait de teintes jaunâtres. Mais ne pas dire qu’elle avait vu le chevalier lui valut une maladie. Et, tandis qu’elle était au lit, au milieu de ses étouffements, elle rendit cette nouvelle et respira enfin.

On la crut folle ; personne n’ajouta foi à ses sornettes. Cependant l’idée était si cocasse du chevalier Dieutegard croupissant par amour dans la vermine avec l’horrible sorcier Cornebille que l’on s’en empara comme d’une légende tragi-comique, et elle fut longtemps l’aliment des plaisanteries.

Une nuit même que Châteaubedeau et la marquise roucoulaient, la fenêtre ouverte, le page se plut à renverser le vase de nuit au pied de la muraille par dérision, en disant hautement qu’il compissait le Sorcier et le Chevalier des contes de Marie Coquelière. Mais Ninon, ayant penché la tête à ce moment, crut voir deux ombres qui fuyaient et elle pâlit aussitôt et se trouva mal. Pendant le reste de la nuit, elle crut à la vérité de la légende ; mais le jour