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venaient lui lécher les mains. Ils firent bon accueil à Dieutegard.

Cornebille et le chevalier allaient non seulement au bassin, mais, par les nuits obscures, ils approchaient du château, le plus possible. Ils ne discernaient rien. Mais ils savaient exactement où étaient les fenêtres de Ninon, et ils veillaient là, étendus sur le sol, comme de bons chiens de garde, sans parole et sans souffle, heureux de vivre moins éloignés d’elle, l’espace de quelques heures !…

Dieutegard apprit aussi que Cornebille voyait l’ancienne nourrice, Marie Coquelière, femme crédule qu’il avait domptée par la peur, grâce à sa renommée de sorcier. Elle s’aventurait à certains jours jusqu’au bord de la rivière, et Cornebille, surgissant là comme par enchantement, lui tirait mille détails concernant Ninon. Elle vint, un jour de pluie, jusqu’à la cabane, et vit le chevalier. Mais elle se crut morte ou le prit pour un revenant. Puis ayant recouvré ses sens, elle se mit à pleurer. Il lui demanda pourquoi : elle se refusa à dire qu’elle avait grande pitié de l’état dans lequel elle le voyait. Il l’interrogea sur l’opinion que Ninon conservait de