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ment à ce qui arrive ordinairement en pareil cas. C’est qu’il sentait bien que Cornebille n’aurais jamais qu’à souffrir d’une passion si disproportionnée et qu’il ne serait jamais un rival pour lui. Il avait été à peine jaloux de Châteaubedeau, parce qu’il ne lui semblait pas possible que Ninon pût l’aimer comme elle l’eût aimé, lui.

Mais, lorsque Cornebille connut l’amour de Dieutegard, il eut envie de fondre sur lui à coups de pied et à coups de poing et de le jeter, bien meurtri, dans la Loire. Cependant il se contint et ne laissa jamais rien paraître de la démangeaison qu’il avait. Tantôt son œil brillait comme celui d’un loup, lorsqu’il regardait le chevalier ; tantôt il lui prodiguait des soins paternels, car, entre nous, il espérait tirer parti de lui.

D’ailleurs, il haïssait moins Dieutegard que Châteaubedeau, et, toutes les fois qu’il entendait le nom de l’amant heureux de la marquise, Cornebille étranglait quelque chose : une ombre, une vision, entre ses doigts noueux.

Il emmena Dieutegard avec lui dans le parc. Les chiens le connaissaient de longtemps et