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Il se releva aussitôt après et vit l’aube qui répandait la rosée sur les collines de Chinon. Le frais et charmant début du jour donne de l’espérance à l’homme le plus découragé ; aussi le chevalier sentit le nouveau soleil animer ses jambes, et partit, suivant, au bord de l’eau, le chemin de halage. Il ne souhaitait plus guère autre chose, dans le domaine du possible, que de voir, par-dessus les arbres, l’épi du gros colombier.

La pureté du matin lui permit de penser à Ninon comme autrefois. Ce fut peut-être aussi la bonté de Dieu qui lui accorda ces quelques minutes agréables, durant lesquelles il fit beaucoup de chemin. Les oiseaux chantaient, les troupeaux descendaient dans les prairies, les poissons de la Loire montaient baiser à la surface de l’eau la lumière du jour, et le chevalier encadrait l’image de sa bien-aimée dans les ondes qu’ils laissaient sur l’eau paresseuse.

Tout à coup Dieutegard vit une tête d’homme roux, et il reconnut Cornebille. Mais, au lieu de concevoir l’effroi que le sorcier répandait habituellement, il fut heureux, jusqu’en la profondeur de son cœur, de retrouver quel-