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Chamarante, la plus belle de vos créatures. Cette femme merveilleuse m’a caressé un jour au bord du bassin, et j’ai été trop surpris pour faire comme cela, à l’improviste, ce que vous avez décidé de toute éternité qu’un homme doit faire en pareil cas pour plaire aux femmes… Et je crois que Ninon ne me l’a pas pardonné. À côté de cela, il y a Châteaubedeau qui n’est qu’un gros sot, et qui s’en paie jusque-là avec la marquise, sans l’aimer, je le sais, Seigneur. Lui est là-bas, au château ; et moi je couche dehors, comme vous voyez, au bord de la Loire. En outre, j’ai contracté des dettes chez la mère Martin, et je n’ai pas d’argent !… Voilà tout ; je tenais seulement à vous en faire part. Et veuillez me croire, mon Dieu, votre serviteur humble et l’admirateur enthousiaste de vos œuvres, puisque c’est vous qui avez créé Ninon, les arbres, les pelouses, la rivière de Loire et l’eau qui dort dans les bassins au pied de la grande terrasse… »

Dieutegard n’avait pas du tout espoir en l’efficacité de sa prière : mais il la faisait cependant, comme feront toujours la plupart des hommes jusque dans les temps les plus avancés.