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Il pensait à tout ce qu’il avait désiré de pur et de splendide, durant plusieurs années, sous les charmilles et près des bassins du parc enchanté, en lisant des poètes. En vérité, il s’était créé un monde de beauté qui, depuis longtemps, environnait son front et le suivait partout. Il n’avait jamais aperçu la vilaine face des choses. Il se rappelait son orgueil, lorsque, enivré de poésie, il remontait les marches de marbre sous le pin parasol, au pied du vase à la bacchanale ; et tout lui semblait mener à un royal amour, d’une manière aussi sûre que les belles et droites allées du parc convergeaient au château où vivait Ninon.

À ce moment, il osa élever son esprit vers Dieu et lui dit :

« Mon Dieu, qui passez probablement en ce moment-ci parmi les étoiles, trop haut pour m’entendre, j’éprouve le besoin de vous parler… J’ai le cœur si gros, si gros, qu’il n’est pas possible que vous ne vous en aperceviez pas, même de loin… Alors prenez-moi en pitié, parce que je ne suis pas méchant et n’ai jamais eu qu’une émotion trop vive et qui me nuit… J’aime à en mourir madame la marquise de