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dédommager amplement son hôtesse, dans l’avenir, si les événements tournaient mieux pour lui.

À l’heure où les petits crapauds tapent sur leur enclume dans les champs, et où de tristes oiseaux se balancent sans bruit, d’un arbre à l’autre, comme des pelotes de laine, le chevalier erra sur les chemins inconnus de lui, et tout aussi bien qu’en plein jour, il voyait l’image de la marquise sur son lit, demi-nue. Le corps de Ninon sortait tout vivant de l’ombre, et le chevalier s’arrêtait, et, cette fois, se précipitait pour l’étreindre…

Franchement, c’était bien dommage qu’une âme si délicate et qu’une si tendre jeunesse de corps fussent réduites à embrasser des fantômes !

Au petit jour, il écrivit le chiffre de Ninon sur l’écorce des arbres ; il l’imprima aussi sur son linge de corps, en caractère de sang, grâce à une piqûre qu’il se fit à la main avec une épine.

Il se trouva par hasard au bord de la Loire, qui jetait une lueur par endroits, comme un miroir dans la nuit ; et il s’assit là.