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il eût été curieux, pour le moins, que son chemin fût justement celui du roulier. Il dit donc très haut à l’homme : « — Ah ! vous allez par là, vous ? Moi, non. » Et il s’élança résolument à côté, en jetant un dernier coup d’œil aux images qui lui semblaient peintes sur les sacs de blé.

Alors il s’aperçut que ces images avançaient maintenant devant lui sur sa nouvelle route : le dos de Ninon, son épaule, un sein…

Et il s’arrêta pour les voir plus à l’aise ; il s’assit même. Une fille passa, conduisant un troupeau de dindons ; elle était vêtue d’un cotillon ignoble, et elle était sans beauté. Ne vit-il pas en elle aussi l’image de la marquise ? et ne l’appela-t-il pas tendrement ?… Mais la fille s’étant moquée de lui, il se jeta sur le bord du fossé, et demeura là, incertain de la maladie qui le tourmentait.

Dieutegard n’avait plus de goût pour aucune chose. Heureusement il eut faim. Grâce au besoin de manger, qu’on dit vulgaire, Dieutegard se releva et se retrouva plein de vaillance ; au moins il avait un but déterminé : déjeuner.

Dans ce pays-là, déjeuner est facile, car les