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le pauvre chevalier, que nous avons laissé dans un triste état, au moment où la nuit devenait profonde et alors que l’infortuné jeune homme tomba sur la route.

Cette route était celle de Chinon, une petite ville bien jolie, bâtie au pied et sur la pente d’une colline qui porte les débris d’un château célèbre et le souvenir de Rabelais, notre gros Shakespeare à nous. C’est un endroit qui me plaît tant que je n’en finirais pas de le décrire, si mon sujet me le permettait ; mais avouez qu’il serait malséant de vous chanter une ville dans laquelle aucun de nos personnages ne s’est aventuré.

Dieutegard était tombé sur le bord de la route, succombant plutôt au chagrin qu’à la fatigue, et il s’y était endormi. Il fut réveillé, dès les premières heures du jour, par un roulier qui faisait claquer fort son grand fouet et conduisait un attelage bruyant. Le chevalier se frotta les yeux et revit la scène mémorable de la veille, qui, pour lui, semblait fidèlement retracée sur les sacs de blé entassés dans le chariot du roulier. Sur ces sacs, il voyait nettement le dos de Ninon, sa peau nue,